Chronique | Les Testaments – Margaret Atwood

Résumé: Quinze ans après les événements de La Servante écarlate, le régime théocratique de la République de Galaad a toujours la mainmise sur le pouvoir, mais des signes ne trompent pas : il est en train de pourrir de l’intérieur.
À cet instant crucial, les vies de trois femmes radicalement différentes convergent, avec des conséquences potentiellement explosives. Deux d’entre elles ont grandi de part et d’autre de la frontière : l’une à Galaad, comme la fille privilégiée d’un Commandant de haut rang, et l’autre au Canada, où elle participe à des manifestations contre Galaad tout en suivant sur le petit écran les horreurs dont le régime se rend coupable. Aux voix de ces deux jeunes femmes appartenant à la première génération à avoir grandi sous cet ordre nouveau se mêle une troisième, celle d’un des bourreaux du régime, dont le pouvoir repose sur les secrets qu’elle a recueillis sans scrupules pour un usage impitoyable. Et ce sont ces secrets depuis longtemps enfouis qui vont réunir ces trois femmes, forçant chacune à s’accepter et à accepter de défendre ses convictions profondes.


Mon avis: C’était LA suite que j’attendais avec beaucoup trop d’impatience. Il aura fallu 34 ans à l’autrice pour publier la suite du livre qui voyait déjà l’avenir : La Servante Écarlate.

ATTENTION : Si vous n’avez pas lu, ni vu La Servante Écarlate, arrêtez vous tout de suite de lire ! Je vais clairement spoiler. Pas le choix. Il y a beaucoup trop de détails à aborder, de choses à révéler (et que l’on découvre dès le début du roman d’ailleurs). Je vous conseille donc vivement de lire La Servante Écarlate avant de lire ma chronique sur Les Testaments.

Les Testaments prend place 15 années après les événements de La Servante Écarlate. Ce tome n’est plus centré sur le personnage de June (à mon grand regret d’ailleurs), mais sur d’autres personnages.  Notamment sur les trois narratrices de l’histoire. Des femmes/filles fortes qui en ont vu de toutes les couleurs et qui portent des points de vue assez différents sur leur société. En écrivant Les Testaments, Margaret Atwood a fait le choix d’englober le premier roman, mais aussi une partie de la série. Surtout en ce qui concerne Mayday et Bébé Nicole.

Parmi les narratrices, il y a la jeune Daisy. Née au Canada, elle vomit Galaad (nouveau nom de Gilead dans le roman). Pour elle ce n’est qu’une dictature qui tend à éliminer les libertés complètes des femmes. Ce n’est encore qu’une jeune adolescente, mais elle a l’impression d’avoir vécu mille vies. Et pour cause : ses parents adoptifs décèdent et ce jour-là, elle apprends toute la vérité sur ces origines. Elle ne s’appelle pas vraiment Daisy. Elle c’est Nicole. Et elle est le fameux bébé qui est devenu le symbole de tout un peuple ! Au fil du roman, on en découvre un peu plus sur l’histoire de Nicole. Et ce que je peux vous dire c’est qu’une adolescente incroyablement courageuse et qui ne se laisse pas faire une seule seconde. Elle n’a pas grandi à Galaad et ça se voit !

« Une fois qu’une histoire qu’on croyait vraie se révèle fausse, on doute de toutes les autres. »

 Le second personnage marquant de cette suite, c’est Agnes, la première fille de June. On l’avait laissé encore enfin, adopté par un Commandeur richissime. La petite fille a bien grandi et Galaad est sa maison. Élevée comme un bon petit soldat, elle ne dit jamais du mal de sa société. Elle sait ce qui l’attend et connaît à l’avance son avenir. Parce qu’elle a été sagement préparée à sa depuis son enfance. Depuis qu’elle a été arrachée des bras de June. Je dois bien avouer que je n’ai pas spécialement apprécié le personnage de Agnes. Peut-être parce qu’elle n’est pas aussi forte mentalement que sa sœur, Nicole. Mais ce qui est sûr c’est que son histoire est aussi importante que celle des autres femmes de Galaad.

Et enfin, la troisième narratrice du roman n’est autre que celle qu’on aime détester, celle dont on ne sait pas grand-chose (enfin…si vous avez vu la série, vous savez…CF la saison 3), j’ai nommée: Tante Lydia. Ce qui est drôle (enfin pas vraiment hein) dans Les Testaments c’est que l’on a trois opposés. Celle qui n’a pas connu Galaad, celle qui a grandi à Galaad et celle qui a connu l’avant Galaad. Tante Lydia est, de loin, l’un des personnages les plus intéressants dans La Servante Écarlate. Et dans Les Testaments elle l’est encore plus je trouve. Outre le fait de raconter sa vie et son passé, elle parle notamment de son point de vu de « Tante » pour Galaad. On en apprend davantage sur Galaad et sur leurs objectifs. Tante Lydia est une femme forte. Complètement atteinte du ciboulot, certes. Mais forte !

« Celle qui ne peut se maîtriser ne peut maîtriser le chemin du devoir. Ne luttez pas contre les vagues de colère. Mais utilisez votre colère pour alimenter votre énergie. Inspirez. Soufflez. Évitez. Contournez. Déviez. »

Les Testaments a été une lecture riche en émotions. En le commençant, j’étais excitée comme une puce parce que je l’attendais avec beaucoup d’impatience. Et pour tout avouer, je n’ai pas été déçue une seule seconde. C’était parfois intense, parfois long. Mais Margaret Atwood a cette faculté magique de vous envoûter grâce à ses mots. Ce que j’ai particulièrement aimé dans cette suite, c’est le fais que l’autrice se soit réapproprié son histoire. Si elle a vu son roman, La Servante Écarlate, être adapté pour le petit écran et devenir un succès mondial, elle a notamment dû faire face à l’invention d’une suite par les scénaristes. Et en écrivant Les Testaments elle se réapproprie son histoire originale pour le meilleur (comme pour le pire) et met elle-même un point final à cette histoire qui aura durée une bonne partie de sa vie. Les Testaments est un recueil de témoignages. C’est l’histoire de toute une génération de femmes d’un monde qui pourrait être le notre vu la tournure que prend notre société actuelle. C’est d’ailleurs pour cela que je ne cesserai de crier sur tous les toits mon amour pour cette autrice. Parce qu’en plus d’avoir été visionnaire, c’est une féministe dans l’âme. Elle a su mettre des mots sur des faits. Et elle a surtout réussi a mettre d’accord les femmes du monde entier.

 

coup de coeur

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