Chronique | Orphelins 88 – Sarah Cohen-Scali

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RésuméMunich, juillet 1945.

Un garçon erre parmi les décombres…

Qui est-il ? Quel âge a-t-il ? D’où vient-il ? Il n’en sait rien. Il a oublié jusqu’à son nom. Les Alliés le baptisent « Josh » et l’envoient dans un orphelinat où Ida, directrice dévouée, et Wally, jeune soldat noir américain en butte au racisme de ses supérieurs, vont l’aider à lever le voile de son amnésie.

Dans une Europe libérée mais toujours à feu et à sang, Josh et les nombreux autres orphelins de la guerre devront panser leurs blessures tout en empruntant le douloureux chemin des migrants.

Si ces adolescents sont des survivants, ils sont avant tout vivants, animés d’un espoir farouche et d’une intense rage de vivre.


Mon avis: Après des mois d’attente, j’ai enfin lu le nouveau roman de Sarah Cohen-Scali. Si Max m’avait énormément touché, c’est une toute autre histoire avec Orphelins 88. Croyez-moi, émotion garantie !

Tout commence après la guerre 39-45. Dans cette histoire nous suivons Josh, ou Jo ou Jona. C’est comme vous voudrez. Cet enfant (car s’en ait un) a subi la guerre, il l’a vécu et il s’en est sorti. Josh a fait partie du projet Lebensborn. Cet horrible projet que Hitler avait lancé. Celui de créer la « race » parfaite. Grand, blond aux yeux bleus. Intelligents, forts et qui donnent confiance à tout un peuple. Le récit de Josh n’est pas comme celui des enfants que vous connaissez. Si physiquement Josh à 12 ans, mentalement il en a 30. Il n’a rien à voir avec les enfants qui l’entourent. Josh est un autre. Mais il est lui aussi, à sa manière, un survivant. Et il va aussi devoir se reconstruire. Parce que, contrairement aux autres, Josh a tout oublié de sa vie d’avant. Avec Lebensborn, son cerveau a été lavé, effacé, frotté à grand coup de brosse et remis à zéro. Avant de s’appeler Josh, de servir l’état Allemand, de se comporter comme une bête sanguinaire, Josh était un enfant normal. Un petit garçon adorable et sans histoire. Mais il a été là au mauvais endroit, au mauvais moment. Lorsque son récit commence, on sait déjà qu’on va faire face à une violence inouïe. C’est dur. Très dur. Et le voir essayer de recoller les morceaux d’un passé qu’il a oublié est encore plus dur.

« Maintenant, les enfants juifs sont vêtus des drapeaux de leurs bourreaux et des draps dans lesquels dormaient les tortionnaires de leurs parents. Nos tortionnaires. Je peux le dire maintenant. Bizarre. On dirait que la paix, c’est le temps du recyclage. Recyclage des matières premières. Des enfants, aussi ? L’adoption, l’émigration, c’est  un peu ça, non ? »

Cette fiction historique est aussi prenante qu’époustouflante. On entre dans le quotidien d’une jeunesse brisée en mille morceaux. Si le personnage de Josh est le principal de l’histoire, il y a aussi tous ceux qui l’entourent. Tous ceux qui vont changer son quotidien. C’est parfois violent, parfois très cru, mais c’est aussi ça la vérité. Tout n’était pas beau. Tout n’était pas idéal. La guerre a beau être terminée, ces enfants n’ont plus rien. Ils n’ont plus que des souvenirs égarés. Des orphelins par milliers, qui tentent coûte que coûte de reprendre goût à la vie.

Orphelins 88 est un livre qui fait réfléchir. Un livre qui devrait être lu par tout un chacun. Sarah Cohen-Scali a ce don pour raconter les histoires. Celles de ceux qui ont survécu. Celles de ceux qui vont vivre. Si le récit de Josh prend aux tripes c’est parce qu’il y a une part de vérité. La Seconde Guerre Mondiale a été la guerre la plus sanglante, mais aussi celle qui a fait le plus de dégâts psychologiques sur les survivants. Qu’ils soient vieux, jeunes, mariés, veufs, tous font peur à voir. Et dans ce récit, tout est dur à affronter, mais tout est vrai. Et même si le personnage de Josh n’a jamais existé, il y a pourtant des centaines d’enfants qui ont été victimes, comme lui, d’un système sans coeur. Orphelins 88 fait parti de ces romans qui vous laissent un goût spécial et un souvenir unique.

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